DESSINS > CAMBRIOLAGE AU CABANON
Le novembre est méditerranéen, l’après midi est avancé et le hors-saison bien installé… Ce
cabanon, toute une histoire, celle d’un Architecte, un Architecte et pas des moindres. Ce cabanon, j’y suis venu exprès et
de loin et pourtant l’heure n’est
plus du tout à celles des visites… Comment en ai-je eu la clef? Une négociation, longue, difficile avec mots et
arguments, tous posés sur le fil: « d’accord, mais attention la porte: ne pas tirer, ne pas pousser, elle est coulissante ». A l’intérieur, maintenant, j’y suis et c’est la pénombre. A
tâtons, des panneaux pivotant-face-miroir, à tâtons je les fais basculer et d'un coup la lumière du soir
s'invite dans cet intérieur entièrement fait de grand modules de bois et de couleurs agencés suivant une règle d'or… Seul, maintenant, seul et dans l’intimité du Maître… Un temps… Un silence,
celui de l’émotion. De ce temps, de cette émotion, de ce lieu, n’en rien perdre et sur moi, juste un cahier d’écolier, juste un stylo plume. Dans la hâte, la nuit est annoncée, des traces à
l'encre, rapides et incisives, des traces sur papier ordinaire et la pénombre est déjà là. Dehors, en face de moi, les lumières de Monaco. Dans mon cahier, tout est là. J’ai tout pris, tout
emporté.
Obscurité, je me laisse tomber sur le lit de l'Architecte et me découvre une âme de
cambrioleur.
Mon butin, très précieux, sera ces 18 traces à la plume sur papier ordinaire présentées
ci-dessous
Le cabanon est celui de Le Corbusier, situé en bord de mer à Roquebrune-Cap-Martin dans les Alpes
Maritimes. Le cambriolage a eu lieu le 18 octobre 1994 entre 16h42 et 17h27, j'en suis l'auteur.